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Galerie Patrick Gaultier Quimper

L e   T é l é g r a m m e   Q u i m p e r


1996
L'homme de la semaine
Patrick Gaultier, 44 ans : le débarbouilleur contemporain

Moustache brune, regard rieur, rire clair, Patrick Gaultier ne ne prend pas la tête. Pourtant la galeriste explore depuis quinze ans un secteur difficile. L'art contemporain, souvent réduit à l'abstraction, rebute et désoriente le publie. Mais la modernité n'effraie pas Patrick Gaultier qui sort des cartons de véritables perles, sensibles, touchantes, fortes. Portrait d'un homme qui refuse l'abscons et le filandreux.

Né à Rennes, du côté du cimetière de l'Est, au temps où les champs et les friches n'étaient pas encore occupées par des maisons et des bâtiments, le jeune garçon s'est amusé de tout et de rien mais pas avec des pinceaux. Au cours du bac pro qu'il préparait de technicien en études de prix du bâtiment, sa prof de lettres lui fait découvrir la maison de la Culture de Rennes. La maison de verre impressionne le passant qui n'ose guère s'y aventurer. Pourtant, le jeune homme va y avoir le choc de sa vie : une expo d'art contemporain au dernier étage. “ Moi, je pensais alors que les peintres n'existaient plus. Pour moi, la peinture c'était un truc d'avant mais pas d'aujourd'hui ”. Il tourne autour, sans tout comprendre mais sentant intuitivement que quelque chose d'important vivait derrière. Même les titres ne l'aident pas. Mais il s'acharne. Alors, il devient boulimique d'expos contemporaines de tous genres mais il n'a pas grand chose à mettre sous sa dent affamée.
La puissance en devenir
Pourtant il forme son goût, creuse, s'informe, insiste, rencontre des artistes. L'art contemporain ce n'est “ surtout pas l'art d'aujourd'hui. Pour moi, ce sont des œuvres de facture contemporaine, qui dépassent l'académisme mais des créations qui collent à l'époque en se basant sur le passé, sur l'histoire du pays ou de l'être”. Et puis surtout, il scrute le travail des artistes, avant, pendant... S'interroge sur leur avenir, sur ce qu'ils ont en puissance.

Et quand en 1 98 1, il ouvre une galerie à Quimper, une gageure dans un fief plutôt séduit par la tradition, encore scotchée sur l'école de Pont-Aven, il a déjà en réserve des créateurs originaux. Petit à petit, sa galerie prend une dimension qu'ignore encore la ville mais après tout personne jamais n'a été prophète en son pays.

La photo a tout remis en cause “ Vous savez, pour faire court, on peut dire que l'invention de la photographie a remis complètement en cause les peintres. De la reproduction du visible, ils ont dû s'interroger sur comment rendre l'invisible, s'interroger sur le sens de leur époque. Personnellement, je n'ai pas trouvé dans l'art conceptuel un artiste qui me convainc vraiment. C'est un concept intéressant, mais il peut, à mes yeux se suffire de mots ”.

Bref, Patrick Gaultier cherche lui des artistes dont le travail dégage une émotion. Qui a un rapport à l'humain, au sentiment. Qui a de la profondeur et qui formera une œuvre durable. Alechinsky, Didier Mahieu, Venturelli, Bram Van Velde, Gontard, Charpentier etc.. sont au sommaire d'une “ collection ” éclectique, venant de France, du Danemark, du Québec... Parfois, un auteur croise le chemin d'un artiste. Charles Juliet, par exemple, qui se lave l'œil (au sens figuré évidemment) avant de regarder une œuvre de manière à être totalement disponible, a beaucoup marqué Patrick Gaultier.

Désormais reconnu, le galeriste est appelé dans de nombreux lieux pour monter des opérations d'importance comme la Biennale d'art contemporain de Saint Nom-La-Bretèche.
Le patrimoine de demain
Par son nom, son sérieux, son travail, Patrick Gaultier fait souffler sur Quimper, à l'insu de la ville, un vent de modernité qui constituera le patrimoine de demain. Un patrimoine qui ne doit jamais rester figé sous peine de s'ankyloser et de s'empoussiérer. Le passé, pour être glorieux, n'a d'intérêt que de permettre d'aller de l'avant.

Danièle Le Pape
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